Le chasselas de Moissac
Cazes-Mondenard appartient à la zone productrice du Chasselas AOC de Moissac, en Bas-Quercy.
De nombreuses légendes existent sur l’origine exacte du Chasselas. Certaines personnes affirment qu’il provient d’Asie et qu’il était cultivé aux alentours de Constantinople avant l’apparition du "chaouch". Un ambassadeur de François Ier en aurait rapporté des sarments en France. D’autres auteurs estiment qu’il provient du village de Chasselas (près de Mâcon).
Une autre légende concernant son origine fait naître le Chasselas dans le Quercy. Effectivement, le "livre tanné" conservé à la bibliothèque de Cahors indique que les plants constituant la "treille du Roy" de Fontainebleau ont été apportés en 1534 par Jehan Rival, un vigneron cadurcien, sous l’ordre de François Ier. Toutefois, il est impossible de connaître exactement sa date d’apparition dans le Quercy.
D’après l’archéologue J. Moméja, la vigne est cultivée en abondance dans la région moissagaise depuis le haut Moyen-Age. Le vin de Moissac était alors estimé jusqu’en Angleterre. Jean-Baptiste Salers fut le précurseur de la viticulture industrielle à raisin de table dans la région moissagaise. Ce dernier organisa un système d’expédition directe aux Halles de Paris. L’arrivée du chemin de fer, en 1858, a permis au Chasselas de s’exporter davantage.
De 1875 à 1885, le Bas-Quercy fut fortement touché par le phylloxéra (un insecte qui détruisait les plants de chasselas). Le préfet du Tarn-et-Garonne mentionne pour la première fois le phylloxéra en 1872 dans deux communes du département. Vers 1890, deux propriétaires, Jean Laborie et Monsieur Combadazou, ainsi que l’abbé Vinel, curé de Saint Quintin, décidèrent de greffer le chasselas sur des plants américains. Devant le succès de cette méthode, d’autres propriétaires les imitèrent. Le vignoble à chasselas commença à s’étendre autour de Cazes-Mondenard et de Lauzerte. Cette nouvelle technique entraîna une modification de la vigne qui ne produisit plus de bon vin mais un raisin de table d’excellente qualité. Les vignes seront totalement reconstituées en 1901. Le chasselas a apporté la prospérité et la renommée de notre région.
La marque Chasselas doré de Moissac est apparue en avril 1914 et le Chasselas a obtenu l’Appellation d’Origine Contrôlée le 21 juillet 1953.
Le Chasselas est aujourd’hui encore considéré comme un des meilleurs raisins de table. Sa récolte débute fin août.
Notre rimailleur Quercinois : Roger Boulzac, un chasselatier cazéen, disait du Chasselas
“C’est le roi des coteaux au blason prestigieux,
Ce chasselas doré, blond comme une pépite,
C’est un grand guérisseur au renom fabuleux
Dont l’uvale saison est toujours bénéfique.
Car chacun de ses grains est source de jouvence,
Ils craquent sous la dent, ils flattent le palais,
C'est l'amour et le miel de ma contrée clémente,
C'est son plus beau fleuron, sa grâce, son bouquet !
Combien sont repartis de Moissac la jolie,
Revigorés, virils, aux lèvres une chanson,
Lors même si c’était l’automne de leur vie,
Demandant à Vénus encore une saison.
Le vigneron s’incline et met genou à terre,
Pour cueillir ce fruit d’or, comme s’il adorait
Ce buveur de soleil, d’estivale lumière
Gorgés du suc ardent des coteaux moissagais.
Il va le confier aux mains douces des femmes,
Pour être ciselé, tout paré de rubans,
Puis gracieux troubadour qui célèbre sa dame
Il s’en ira chanter nos vignes aux quatre vents.
Je voudrais, c’est mon souhait, m’en aller en septembre,
Pour qu’on mette en mes mains la grappe vénérée,
Ce chasselas joli, pailleté d’or et d’ambre
Que j’offrirai au Christ en pardon des péchés.
S’il se laissait toucher par ma superbe offrande,
Je serais, je crois bien, à demi-pardonné,
D’avoir fait bien souvent, ferventes révérences
Au chasselas, ce Dieu de ma douce contrée !