Le château de Lauture de Cazillac

Le château, restauré style Renaissance, se dresse à l’extrémité du plateau de Lauture.

Lauture était auparavant une simple maison fortifiée, construite par la famille de Narcès. Cette famille en rendait hommage au Suzerain, le baron de Mondenard. La seigneurie de Lauture n’aura son propre château que plus tard.

Quatre familles s’y sont succédées : la famille de Narcès (du XIIIe au XVe siècle), la famille d’Orgueil (du XVe au XVIe siècle), la famille de Montagut (au XVIe siècle) et la famille d’Escayrac du XVIIe au XVIIIe siècle. Ces derniers possèdent encore le château.

Il ne reste de l’ancienne construction qu’une grosse tour carrée, nommée “Tour d’Espanel”. Divers seigneurs s’y sont succédés.

Le château de Lauture fut détruit en 1214 par Simon de Montfort, en 1320 par les Pastoureaux et en 1445 lors de l’expulsion des Anglais de cette partie de la Guyenne. Le 3 avril 1401, Jean de Mondenard, en raison des bons services qu’il avait reçu de Raymond de Narcès, lui donna tous ses biens et ceux d’Armand de Mondenard et de Bertrand de Montagut (dont il avait hérité). Raymond de Narcès devint donc vrai seigneur de Mondenard. A la mort de Raymond de Narcès, un procès s’ensuivit entre les descendants de Jean de Mondenard et les héritiers de Raymond de Narcès. A la fin du procès, en 1464, toute la seigneurie du lieu de Lauture fut attribuée à Jean d’Orgueil, gendre de Raymond de Narcès, en échange de quoi les seigneurs de Mondenard récupérèrent une partie de la juridiction de Mondenard octroyée à la famille de Narcès ainsi que leurs droits sur les biens de Jean de Mondenard. A la fin du XVIe siècle, la seigneurie de Lauture entra dans la famille de Montagut. En 1578, une descendante de la famille de Montagut épousa Charles d’Escayrac. Les seigneurs d’Escayrac étaient propriétaires de la terre d’Escayrac, près de Saint-Aureil.

En 1621, le château fut incendié et détruit par Maximilien de Béthume, Comte d’Orval, qui détruisit les propriétés des partisans du roi durant le siège de Montauban.

Relevé de ses ruines par le seigneur de Lauture, Mathurin d’Escayrac, de 1630 à 1640, il fut assiégé le 5 février 1790 par des paysans révoltés qui revinrent à la mort d’Etienne-Henri marquis d’Escayrac pour le piller.

L’actuel édifice a été reconstruit en grande partie depuis 1884 par l’architecte bordelais Abel Duphot. Les projets de construction proviennent de Forestier, Horeau, Petit et Viollet-le-Duc.

Voici la description du château faite le 23 juin 1792 lors du procès verbal d’inventaire :

“Le dit château consistant en un corps de bâtiment principal en profondeur de 16 croisées de face haut et bas sur la cour à l’aspect du couchant et deux grandes portes d’entrée chacune à deux ouvrants, de 23 croisées de face haut et bas sur le jardin, à l’aspect du levant, auquel aspect est aussi une petite fenêtre qui se trouve à un petit cabinet et la grande porte d’entrée à deux ouvrants qui est au même aspect. Il y avait au bout, attenant au château à l’aspect du Nord une tour qui a été baissée depuis quelque temps et mise de niveau avec le principal corps de logis ; à côté de la bâtisse de cette première tour et attenant le bâtiment du principal corps de logis, existe une autre grande et belle tour sur laquelle est une girouette, et ayant à cette tour et à l'ancienne, à l'aspect du Nord 5 belles croisées ouvertes et autres deux croisées murées. A l'autre bout et attenant le château à l'aspect du Midi, est une autre grande et belle tour avec deux girouettes, où il y a deux croisées à l'aspect du Midi, et au bas à rez-de-chaussée est une chapelle domestique. Dans l'appartement du principal corps de logis et des dites tours, à rez-de-chaussée sont les offices, les cuisines, le salon à manger, le salon de compagnie, la chambre de lingerie, celle de la boulangerie et 1es cavaux. Le premier et le second étage du principal corps de logis et des dites tours, au-dessus du rez-de-chaussée, sont distribués en plusieurs appartements de maîtres et chambre de domestiques, et au-dessus sont encore plusieurs greniers à grains. A côté et attenant la grande tour qui donne à l'aspect du Nord, sont d'autres bâtisses formant deux ailes, dans l'une desquelles, qui est celle attenant cette tour, sont l'ancienne cuisine avec deux croisées donnant sur la cour, la fournière et les caves, dont les portes d'entrée donnent sur la cour, les dites caves prenant du jour du côté, du Nord ; et dans l'autre aile qui est attenant la fournière et qui fait face au château, sont les écuries, dont la porte d'entrée est sur la cour. A l'étage qui est sur les écuries, sont les greniers à grain, qui ont leur porte d'entrée à la fournière. A cette aile qui fait face au château sont quatre fenêtres bâties à l'anglaise qui donnent à l'aspect du couchant; le tout bien bâti en bonne pierre à chaux et sable. Le principal corps de logis et les ailes sont couverts de tuile canal, et les deux tours de tuile crochet. Le dit château précédé de la dite cour, à laquelle cour qui était fermée à son entrée par quatre colonnes bâties en pierre de taille à chaux et sable par une grille de bois, une grande porte à grille de douze pieds de hauteur sur 9 de largeur; du côté à gauche, en entrant par la grande porte, est une autre petite porte aussi à grille, et du côté à droite est une grille de hauteur l'une et l'autre de 10 pieds sur 6 de largeur, le tout en bois. Les dites portes à grilles n’existant plus... L’on arrive par la route qui vient de Lauzerte, de Cazes et de Cazillac au dit château de Lauture, la dite cour ainsi que les atours du château forment une terrasse dominante sur les possessions du dit château et sur les coteaux et vallons qui environnent ledit château... Il y avait joignant jardin, garenne, pigeonnier à 4 pieds bâti en pierre à chaux et sable, couvert de tuile crochet. Les dépendances, d’après l’affiche d’adjucation du V messidor, an VII, formaient 470 hectares compris en 6 domaines du Bouyssou, de Ribot, de Raspau, de Cazillac, d’Alon et d’Escayrac et estimés par le sieur Barrau, chargé de la vérification générale, à 702.700 livres.”

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Le château de Mondenard

Le château de Mondenard fut plusieurs fois détruit et reconstruit, parfois totalement, parfois partiellement. Plusieurs familles (ou maisons) s'y succédèrent.

Ancienne maison de Mondenard : un château détruit puis reconstruit

L'ancienne famille de Mondenard occupait cette place, à en croire la légende, depuis Charlemagne. Le premier texte qui parle explicitement d'un château à Mondenard relate un événement du 17 février 1214. C'est de ce château que partirent les hommes armés qui firent prisonnier Beaudoin, demi-frère du comte de Toulouse (Raymond VI) et cependant son ennemi.

Ce premier château fut incendié et complètement rasé en guise de représailles quelques mois plus tard le 12 juin 1214 par Simon de Montfort et son armée de chevaliers du nord. Selon les historiens la reconstruction remonterait à 1232. En effet, les salles basses de la partie la plus ancienne portent la marque de cette époque.

L'ancien seigneur de Mondenard, en mariant sa fille au seigneur de Montaigu transmis ses parts sur le château de Mondenard à Vital et Arnaud de Montaigu. Ces deux familles, le 20 avril 1246, mirent le château sous la protection du comte de Toulouse. Celui-ci y installa sa police et sa justice en donnant des franchises et des coutumes aux habitants (3 mai 1246).

A la fin du XIIIe siècle, seule subsistait la famille de Montaigu. Arnaud de Montaigu partagea ses biens entre deux de ses fils. À sa mort en 1259, l'aîné eut les terres de Montaigu et Armand le cadet devint seigneur de Mondenard et en porta le nom.

Maison de Montaigu de Mondenard (1259-1593) 334 ans

Armand de Montaigu prit le nom d'Armand de Mondenard et avec ses frères Bertrand de Montaigu, abbé de Moissac et Sicart de Montaigu, évêque de Cahors, il développa la baronnie. La juridiction de Mondenard prévue par la donation ne se limitait pas à Cazes et au château, elle comprenait également les paroisses de Saint-Quintin et des Bruyères et s'étendait largement à l'Est puisqu'elle comprenait le Pech d'Acou et le Pech del Mas, proches de Tissac et de Vazerac.

L'historien Henri Guilhamon, dans son livre sur La maison de Durfort, qualifie le château de Mondenard situé face à Cazes, sur l'autre rive de la Barguelonne, de « plus puissant château du Bas-Quercy. » C'est au milieu du XIIIe siècle que ce premier rang parmi les places fortes de la région lui convient le mieux.

Le château de Mondenard fut occupé par les troupes anglaises à l'époque de la guerre de Cent ans. Puis il fut libéré et réparé.

Après la guerre de cent ans, une partie de la baronnie, équivalente au quart de sa surface est détachée pour former autour de Lauture une seigneurie indépendante du château de Mondenard. La famille de Narcès, avait construit à l'origine à Lauture une simple maison fortifiée qualifiée de repaire dans un texte de 1309. La seigneurie de Lauture aura plus tard son propre château.

Au début du XVe siècle le frère aîné conserva la baronnie et le château de Mondenard et le cadet, en épousant Miramonde d'Albret, devint baron de Moncaut au sud d'Agen. ils eurent une descendance qui porte encore le nom de Mondenard au XXIe siècle.

À l'époque des guerres de religions, le baron Antoine de Mondenard abandonna le château aux troupes supérieures en nombre du seigneur Symphorien de Durfort-Duras. C'était le 16 août 1562, le lendemain de la prise de Lauzerte par les troupes protestantes. « Si le château était vide d'hommes - commentait l'historien Théodore de Bèze - il était garni de bon vin et c'eût été une compensation si le vin n'eut été trop vite consommé. » Le baron Antoine et son fils Jean de Mondenard récupérèrent très vite leur château car Duras et ses troupes allèrent se positionner à Mirabel.

Arbre généalogique

Maison de Corneillan (1593- 1770) 177 ans.

La baronnie de Mondenard et le château resta dans la famille de Mondenard jusqu'en 1593, année du mariage d'Hélène de Mondenard avec le vicomte Jean de Comeillan. Contrairement à ce qui a été écrit par souci de simplification, elle ne fut pas fille unique. Elle avait eu un frère Jean et quatre sœurs. C'est à la suite du décès de son frère qu'elle fut choisie pour héritière par le baron Antoine de Mondenard.

Les Corneillan eurent des problèmes successoraux qui se transformèrent en déboires patrimoniaux. Leurs successions grevées de dettes provoquèrent la saisie de la baronnie et sa vente aux enchères publiques le 28 août 1770 en faveur de François Jacob, négociant montalbanais. Sur surenchère, elle passa finalement à une famille originaire d'Auvillar.

Maison de Caussea de Mauvoisin (1772-1777) 5 ans

Le 21 juillet 1772 Jean Caussea de Mauvoisin déclare n'être en possession de la terre et baronnie de Mondenard « que depuis peu de jours » et d'être dans l'incapacité d'en faire le dénombrement et de rendre les hommages. Il ajoute : « depuis plus de cinquante ans, cette terre a été jouie par des gens si dérangés que les titres en sont tous éparpillés »

Dans un acte de 1776, Jean de Caussea de Mauvoisin est qualifié de baron de Mondenard, seigneur de Cazes de Canhac.

Maison de Saint-Sardos (1777-1812) 35 ans

Jean de Caussea de Mauvoisin se dessaisit à son tour de la terre et baronnie de Mondenard le 30 août 1777, au profit de Pierre de Saint-Sardos, Gouverneur de Castelsarrasin depuis 1767, qui se déclare Sieur de Biscarras et baron de Mondenard. Le nouveau propriétaire, autrefois seigneur de La Boissonnade (à côté de Montauban), avait été anobli par lettre patente de mai 1764 peu après son mariage avec Angélique d'Étanchot et il fit l'hommage de la terre de Mondenard le 28 juillet 1779. Le comte Pierre de Saint-Sardos est mort en 1785.

Il avait un frère et un neveu Jean Pierre qui ne furent pas anoblis. Celui-ci n'obtint pas la croix de Saint-Louis, car il fut fait prisonnier à la bataille de Rosbach en 1757. Il habitait Castelmayran et il est mort au cours d'un duel au pistolet en 1779 sans avoir réussi à accéder à la noblesse, ni pour lui, ni pour son fils. C'est de lui dont descendent les Saint-Sardos de Lisieux.

En revanche les deux enfants du Comte de Saint-Sardos : Jean pour lequel il fit ériger la baronnie en marquisat vers 1783 et Louise de Saint-Sardos qui épousa Monsieur Mieulet de La Rivière furent nobles.

Jean de Saint-Sardos, Marquis de Mondenard, est le seul de sa famille à avoir été convoqué à l'assemblée de la noblesse à Cahors en 1789. Le jeune marquis de Saint-Sardos-Mondenard épousa le 5 mars 1791 Anne Marguerite Laudumiey, fille d'un dentiste de la famille royale. Il dicte ses titres dans son contrat de mariage : Comte de Saint-Sardos, Marquis de Mondenard, Baron de Cazes, Seigneur de Biscarras et autres lieux.

Le marquis de Mondenard fait construire de nouvelles ailes au château, il est aisé de reconnaître encore aujourd'hui ces constructions du XVIIIe siècle. Mais il ne profite pas longtemps de son château du Quercy, il émigre en Angleterre à la Révolution. Il écrit plusieurs ouvrages d'économie politique sans nom d'auteur. Il profite de la première amnistie pour revenir en France et signe ses nouveaux écrits du seul nom de Mondenard. Il est décédé à Paris sans postérité en 1823. C'est par erreur que des auteurs comme Mahul et d'autres à sa suite ont ajouté à son patronyme celui de Montaigu et lui ont attribué la paternité du Boston, autre ouvrage sans nom d'auteur, mais dont on sait qu'il a été écrit par Arnaud de Mondenard de Roquelaure, un descendant bordelais des anciens seigneurs de Cazes et du château de Mondenard.

Le Baron Chazal (1812)

Jean de Saint-Sardos vendit la terre et le château de Mondenard en 1812 au baron Chazal, préfet des Hautes Pyrénées. Le marquis aurait vendu Mondenard pour acheter la terre de Malause au bord de la Garonne. Le petit fils du baron Chazal, Anatole Monmajour en témoignait par lettre le 8 juillet 1885.

La légende du château de Mondenard

La légende fut que le château servit de cachette à un trésor qui était rassemblé dans une peau de bête. Cette peau aurait été enterrée soit dans le château, soit dans sa proximité immédiate. Cette histoire parvint à l'oreille de chercheurs d'or qui consacrèrent beaucoup d'argent à retrouver ce trésor. Ils ont fouillé en particulier dans le puit et sous les anciens remparts. Selon toute apparence personne n'a trouvé de trésor. Mais si quelqu'un l'avait trouvé s'en serait-il vanté ?

Nous tenons à apporter tous nos remerciements à Michel de Mondenard pour toutes ses informations précieuses, qu'il a su nous donner, sur le château ainsi que sur le village.

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